Né à Bologne, Italie, en 1943 Il grandit dans le contexte culturel vénitien et en retiendra outre la luminosité de la lagune et les mosaïques byzantines, une grande curiosité intellectuelle motivée par la présence d'écrivains d'avant-garde et la vivacité de l'activité artistique grâce à la Biennale. C'est un corpus œuvre tumultueux et passionné que propose Pier Paolo Calzolari. En 1965 il réalise ses premières peintures et Scala (L'échelle), présentées dans son atelier de Bologne (Studio Bentivoglio), en 1966, il conçoit des actions ou performances qu'il nommera "Atti di passione" (actes de passion) et présentera au public l'année suivante un des ses actes intitulé : "Il filtro e Benvenuto all'Angelo, progetto per un lavoro publicco" (Le filtre et Bienvenue à l'Ange, projet pour un travail public). Il s’agit d’une installation déployée dans trois espaces qui engage mentalement et physiquement le spectateur dans l'œuvre et que l’auteur qualifie de "dynamisateur d’espace". Le visiteur participe de façon active à la lecture des œuvres de l’artiste. La sollicitation des sens va au-delà de la vue. Il faut “entendre avec les yeux, voir avec les mains, toucher par l’esprit” écrit Diderot dans Lettres sur les aveugles ; "lieu, personnes, temps, chacun influe sur l’autre” ajoute Calzolari.
Entre 1967 et 1970, Calzolari mûrit son projet d'art et établit son vocabulaire plastique. Il réalise un cycle d'œuvres de structures givrantes : Gesti. Variazione I 1968 ; Auricolari 1968 ; utilise également des feuilles de tabac : Rapsodie inepte (Infinito) 1969, des mousses végétales, des molletons : Materassi 1970, crée aussi des surfaces de poudre de sel, forge des inscriptions métalliques et fabrique des tracés au néon. En 1969, il participe à l'exposition "When Attitudes Become Form", organisée à la Kunsthalle de Berne. Evènement qui situe le travail de Calzolari dans cette mouvance des avant-gardes des années soixante. Son parcours, malgré des proximités évidentes avec les créations de ses contemporains du groupe de l' Arte Povera (particulièrement Mario Merz et Jannis Kounellis), de l'art conceptuel et minimal américains, ou même encore de Joseph Beuys, se singularise par différents éléments marquants : volonté de saturation des sens, affrontement permanent de la vie et de la mort, une façon de rendre visible des données abstraites ou de convoquer l'essence des choses qui repose sur une alchimie organique des éléments qui construisent l'œuvre ; l'invitation à ce que les relations des unités mises en présence : objets (jouets, train électrique), fleurs (arum, rose), animaux (chien albinos, oie, poussins, poissons), êtres humains (Femme colonne , Donna fiore) puissent par leur rencontres inscrire le vivant ou l'ancrer au cœur de chaque création. Lui-même déclare : “ce qui m’intéresse, c’est d’accepter les matériaux avec une certaine démocratie sans penser qu’il existerait une aristocratie entre eux. Partant de là, ils deviennent un outil pour mettre en forme une idée et développer une œuvre”.
|